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     Le Conseil national d'éthique suggère de rationner l'accès aux soins pour le traitement de certaines maladies. Une position qui provoque un tollé. A l'instar de cette chronique du scientifique José Luís Nunes Martins.

    Dessin de Kopelnitsky, Etats-Unis. Dessin de Kopelnitsky, Etats-Unis.

     

     

    Le Conseil national d'éthique pour les sciences de la vie [cet organisme indépendant auprès du Parlement portugais est l'équivalent du Comité consultatif national d'éthique français] affirme dans un rapport qui vient d'être rendu public que l'Etat portugais peut et doit rationner l'accès aux médicaments les plus chers pour le traitement des cancers, du sida et de la polyarthrite rhumatoïde. Le médecin qui dirige cette institution prétend qu'il s'agit d'"une lutte contre le gaspillage et l'inefficacité, qui est considérable en matière de santé (...) Un combat non seulement légitime mais aussi souhaitable". Il va jusqu'à dire que dépenser 50 000 euros pour survivre deux mois de plus ne peut se justifier.

    Une vie n'a pas de prix. Ni une quelconque portion de celle-ci. Comment un homme, médecin, peut-il arriver à la conclusion qu'il existe un montant raisonnable pour un mois de vie en plus ? Tuer de façon absolue l'avenir de quelqu'un est un délit. Cela s'appelle un homicide. Dans la vie, il y a des moments, un regard, un sourire, un baiser qui durent quelques secondes mais qui valent (plus qu')une vie. La vie, c'est essentiellement un avenir. Même sur un lit d'hôpital, en pleurs, dans un océan de souffrance. La vie c'est cela aussi. Ce n'est pas seulement de la joie, c'est également la douleur.

    Les médecins vont-ils tourner le dos au serment d'Hippocrate pour, de façon hypocrite, jurer de défendre avec orgueil, brio – et une discipline toute militaire – le budget ? Dans son rapport, le conseil estime que les médecins devraient obligatoirement avoir une formation dans le domaine de l'éthique afin de prendre des décisions plus justes et, rendez-vous compte, plus responsables !

    Vous me direz que l'on a plus les moyens et vous me demanderez qui je choisirais entre deux malades aux diagnostics et aux pronostics différents... Le problème n'est pas le coût des thérapies, mais l'argent qui aurait dû exister pour les payer et qui est canalisé pour d'autres profits.

    Il doit y avoir une foule de gens en quête d'une formule mathématique qui déciderait du oui ou du non à donner, s'agissant du futur des malades se trouvant dans un état avancé. Néanmoins, il me semble bien plus humain que, dans les cas extrêmes, ce soit quelqu'un qui le fasse, quelqu'un avec des valeurs qui l'assume. Jamais un algorithme qui s'applique de façon impersonnelle... Et derrière lequel, par la suite, beaucoup se cacheront.

    Bientôt, la capacité de l'Etat à payer les retraites se terminera. Que diront alors ces messieurs des sciences de la vie ? Sans doute l'un d'entre eux viendra nous dire que la vie, au-delà de 70 ans, n'a plus de sens, que la qualité de vie des plus jeunes est mise en cause par ces égoïstes qui ont déjà vécu plus qu'il ne faut... Ou peut-être nous dira-t-il que l'on aurait dû privilégier l'avortement... Ou une autre énormité difficile à imaginer.

    Ceux qui contribuent, avec leur savoir sur l'éthique et la vie, à l'application de telles mesures politiquement inhumaines se fourvoient. Et ce dans un pays qui peut avoir peu d'argent mais qui n'en a pas moins beaucoup de valeurs. Malgré ceux de nos concitoyens prêts à échanger des vies contre de l'argent.

    http://www.courrierinternational.com/article/2012/10/08/au-portugal-depenser-moins-pour-vivre-moins
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  • Mbuji-Mayi [capitale du Kasaï-Oriental], une bouteille d'un litre et demi d'eau coûte 3 500 FC (francs congolais, soit 3 euros), plus cher que deux bières de 73 cl à 1 500 FC l’une (0,76 euro). Pour certains adeptes de cette boisson alcoolisée, le choix est vite fait, quoi qu'il en coûte à leur santé. Autant boire de la bière. Mais pour la grande majorité de la population, la situation est dramatique. En effet, seules les nantis peuvent se permettre d'acheter des bouteilles d'eau fabriquées localement pour assouvir leur soif. Beaucoup d'autres ne le peuvent pas alors que l'eau est une denrée rare dans cette ville de plus de 3 millions d'habitants, où plusieurs communes ne sont plus desservies par le réseau public depuis 2010.

    Faute de trouver l’eau au robinet, les habitants sont obligés d’effectuer de 3 à 5 km pour acheter de l’eau dans des lieux publics. Pour 20 litres d'eau – impropre à la consommation –, le prix varie entre 200 et 500 FC [entre 0,16 et 0,41 euro]. Ceux qui en ont les moyens se font livrer l'eau pour le ménage et la toilette, et recourent aux vendeurs ambulants qui proposent les 20 litres pour 700 à 1 200 FC [0,58 à 1 euro].

    "Je suis très déçu de voir que le Kasaï-Oriental, pourtant entouré de cours d’eau parfois potable, est la seule province où l’eau est si chère", regrette un habitant de la ville. La Regideso, une entreprise publique qui a le monopole de la distribution d'eau dans la ville, ne dessert que 16 % des habitations du fait de la vétusté du réseau et du manque d'électricité. Mais quand bien même tous les robinets de la ville seraient fonctionnels, la production serait insuffisante pour fournir la quantité d’eau nécessaire, soit 20 litres par personne et par jour. "L’entreprise manque de moyens pour développer une politique de distribution d’eau satisfaisante. Et, faute d'électricité, nous ne pouvons capter suffisamment d’eau. Voilà pourquoi la population souffre", souligne un agent de la société qui a requis l’anonymat.

    Comme souvent en République démocratique du Congo (RDC), l'eau la plus chère est celle qui est mise en bouteille localement. Les bouteilles importées sont un peu moins coûteuses, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Rien n'est fait pour aider les habitants. "Nous nous heurtons à plusieurs difficultés. L'électricité est plus chère qu’ailleurs, nous importons les emballages, les taxes et les impôts sont très élevés", raconte un agent de Safi, une société locale d'embouteillage. L'eau est ainsi paradoxalement la boisson la plus chère.

    Compte tenu de la situation, certains n'hésitent pas : "Je préfère boire de la bière plutôt que de l’eau, souvent introuvable, surtout quand je prends mon repas. Un régime qui n’a aucun effet sur mon organisme", estime Stéphane Mongo [un habitant de Mbuji-Mayi].

    Et il n’est pas le seul à choisir la bière. Le prix est la bonne excuse, mais cela n’est pas sans risque pour la santé. Ces adeptes des bouteilles brunes renforcent ainsi leur penchant pour l'alcool et ils risquent d'avoir du mal à s'en débarrasser. Sans compter les comportements parfois violents de ceux qui en abusent pour étancher leur soif. "Je n’encourage pas les amoureux de la bière, et je demande à l’entreprise de distribution d’eau d’augmenter sa production pour mieux desservir la ville, s'agace un médecin de la ville. C’est une question de santé publique."


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    Maintenant, c'est à vous de choisir l'avenir que vous souhaitez laisser à vos enfants. il ya deux possibilités, soit vous continuez comme aujourd'hui et un jour l'être humain va se détruire ou vous devenez conscient de que vous êtes une grande famille, et il est temps de reconstruire un monde meilleur que maintenant. Maintenant, c'est à la majorité de reprendre le contrôle de la planète. Nous ne voulons pas la violence, et il ne doit pas arriver, car il ne peut y avoir perdant. Vous y gagnons tous. Il ne peut jamais être un monde parfait, mais il est facile de faire un meilleur et plus juste.


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  • Après des années de silence sur la politique énergétique du pays, les Japonais ont décidé de se faire entendre. Depuis le début de l’été, la mobilisation prend de l’ampleur.

    Cela ne ressemblait pas à une "une foule", mais bel et bien à un "rassemblement de citoyens, dont chacun était responsable, guidé par sa volonté propre", pour reprendre les paroles de Kenzaburo Oe [Prix Nobel de littérature et personnalité centrale du mouvement antinucléaire] dans son discours prononcé lors de la manifestation baptisée "Adieu à l'énergie nucléaire - grand rassemblement de 100 000 personnes" qui s'est tenue le 16 juillet. Devant la résidence officielle du Premier ministre, à Tokyo, comme partout dans les rues de l'Archipel, la mobilisation initiée après la catastrophe de Fukushima [en mars 2011] n'a cessé de grandir jusqu'à prendre une ampleur sans précédent cet été. Au cours d'un meeting, l'auteure Keiko Ochiai, micro en main, était revenue sur la réaction du Premier ministre Yoshihiko Noda. [Celui-ci avait qualifié de "vacarme" les protestations contre le redémarrage des réacteurs nucléaires.] "Cela n'est pas juste un vacarme. Prendre les voix de la contestation pour des nuisances sonores, en voilà une attitude démocratique ! Montrons-lui ce qu'est la vraie démocratie !" s'était-elle indignée.

    Tokyo - Une manifestation pour la sortie du nucléaire rassemble des dizaines de milliers de personnes le 16 juillet.
    Tokyo - Une manifestation pour la sortie du nucléaire rassemble des dizaines de milliers de personnes le 16 juillet.

    Certes, la mobilisation de "citoyens responsables" n'est pas la démocratie parlementaire. Il n'empêche que c'est LA démocratie. Cela ne s'organise pas en un système de partis politiques, mais c'est LA politique. Ensemble, les protestataires ont formé un nouvel espace politique. Chaque vendredi soir [lors du rassemblement antinucléaire devant la résidence officielle du Premier ministre], un "bloc familial" est organisé sur le trottoir en face de l'entrée principale du Parlement, où se rassemblent des parents accompagnés de leurs enfants. "Protégeons nos enfants ! Protégeons la vie !" clament-ils en cœur. De l'autre côté, le grondement des tambours des militants résonne dans le ciel nocturne. "Ça met de l'ambiance !" s'enthousiasment les jeunes mamans, qui tapent dans leurs mains et dansent en rythme. Une myriade de militants, un ballon blanc dans la main, se croisent sur le passage piéton du carrefour situé en face du Parlement. Et le mouvement ne se limite pas aux manifestations de rue. Depuis un an, les mobilisations citoyennes [notamment des pétitions] en faveur d'un référendum national ou régional sur le nucléaire se poursuivent sans faiblir. Jamais l'envie de recourir aux dispositifs de la démocratie directe n'a été aussi forte au Japon.

    Est-ce dû à la désillusion provoquée par une démocratie représentative défaillante malgré une alternance politique historique [en 2009, le Parti démocrate était arrivé au pouvoir en remportant haut la main les élections législatives, mettant ainsi fin au règne du Parti libéral-démocrate, qui avait duré près d'un demi-siècle] ? Ou bien à une aversion pour les partis politiques, qui ne cessent de se quereller en pleine crise nationale ? Pourtant, le désintérêt des citoyens pour les partis politiques ne date pas d'hier. Quelque chose a donc changé dans notre pays.

    Le 28 juillet, nous avons assisté à la naissance du parti Vert japonais. Près de 1 000 élus locaux ont décidé de prendre en main les affaires de l'Etat. Leur projet politique ? L'abandon définitif de l'énergie nucléaire. Pour cela, ils sont prêts à utiliser des instruments de démocratie directe. Une des clés pour saisir la situation actuelle au Japon semble résider dans leurs idéaux, et leurs revendications ne manquent pas d'ambition : "Nous étions jusqu'à présent les marionnettes d'une civilisation fondée sur la consommation massive d'énergies telles que le pétrole ou le nucléaire." "Nous souhaitons radicalement transformer le concept de cette civilisation moderne qui repose sur la conquête et la mauvaise gestion de la nature, et en finir avec une politique de croissance à tout prix."

    Ce débat est récurrent depuis les années 1970, mais on a toujours reproché à ces positions leur manque de réalisme. Qu'en est-il aujourd'hui, après l'accident nucléaire ? Dans le bilan présenté en juin 2011 par la commission gouvernementale chargée de réfléchir à la reconstruction, on peut lire le passage suivant : "Cette catastrophe a soudain révélé la vulnérabilité de la civilisation moderne. C'est l'essence même de notre civilisation qui est remise en cause."

    L'accident nucléaire a sans doute été déterminant pour convaincre les Japonais de descendre dans la rue. A cela s'est ajouté le redémarrage d'un réacteur nucléaire [la centrale d'Ohi, au sud-ouest de Honshu, début juillet], faisant fi de cette remise en question, et cette décision n'a fait que jeter de l'huile sur le feu.

    http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/10/energie-populaire-contre-energie-nucleaire

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    L'Asahi Shimbun révèle un incroyable dialogue : le responsable d'une société intervenant sur le site de la centrale nucléaire accidentée demande aux liquidateurs de falsifier les doses de radiations reçues.

     


    L’Asahi Shimbun a traité l’affaire du truquage de dosimètres en une le samedi 21 juillet et y a consacré plusieurs pages d’enquête et d’analyses. C’est la première fois qu’un quotidien japonais s’intéresse d’aussi près aux conditions de travail des ouvriers et techniciens de la centrale Daiichi, à Fukushima. L’enregistrement intégral est disponible sur le site Internet, en japonais (www.asahi.com). Le journal a également lancé un appel à témoins aux ouvriers de la centrale.
    Japon
    Asahi Shimbun

     

     

    Dessin de No-río, Japon.

    Un responsable de la société de construction Build-Up a donné l'ordre à ses employés de couvrir les dosimètres d'une plaque de plomb, pour truquer les chiffres indiquant les doses de radiations reçues. La plupart des ouvriers ont accepté de le faire, mais trois s'y sont opposés. Ces derniers ont été remerciés et nous ont confié un enregistrement de la conversation qui s'est tenue le soir du 2 décembre 2011 dans une chambre d'hôtel de Fukushima. Voici un extrait des échanges entre le responsable et l'un des employés.

    Le haut responsable de Build-Up (R) : Bon, tous les acteurs du nucléaire savent qu'on peut cumuler jusqu'à 50 millisieverts (mSv) par an, non ? Ça, c'est pour chaque individu. Et pour nous qui travaillons à longueur d'année dans les centrales, c'est 50 aussi. Sauf que franchement, on dépasse vite les 50 mSv quand on est bien exposé. On les atteint en trois ou quatre mois. Donc, pour pouvoir rester un an dans une centrale, nous devons nous-mêmes faire attention au jus qu'on se prend. C'est pour ça qu'on essaie de gérer notre dose comme on peut. Comment dire... Ce n'est pas parce qu'on nous a demandé de le faire. Cette fois [à Fukushima Daiichi], certaines zones sont très radioactives. Pas toutes, juste certaines d'entre elles. Tu te souviens de là où on était au début, hein ? C'est un peu élevé selon les endroits. C'est pour ça qu'on a vu comment on pouvait faire la dernière fois. Bon, et vous avez dit que vous ne vouliez pas [truquer les chiffres]. Ça, c'est parce que c'est la première fois, normal que vous vous disiez : "Ce n'est pas bien de faire ça." Sauf que nous, on ne peut plus travailler autrement. C'est comme pour des économies : 50 mSv, ça part vite ! Et après on est à la rue. Pour ceux qui peuvent aller ailleurs, tant mieux. Mais nous, plus les doses s'accumulent, moins on peut bosser. Vous êtes douze à travailler sur le même site. Comme on travaille tous ensemble, on ne peut pas dire "Bon, d'accord, toi, tu vas là où il y a le moins de radiations". Tu vois, c'est comme ça qu'on fonctionne, nous. Si vous ne coopérez pas au sein de cette équipe... Ça ne marchera pas sur le terrain. Si le chef, sur le terrain, te dit "Aujourd'hui, tu fais ça", et que tu réponds que tu n'as pas envie, il va te répondre que ce n'est pas possible. C'est partout pareil, pas seulement dans les centrales. Je me trompe ou pas ?

    L'ouvrier (O) :

    Mais je pense que le boulot dans les centrales nucléaires, c'est quand même particulier. On traite avec des choses invisibles, la radioactivité, alors...

    R : Je viens de t'expliquer ce qu'était un travail d'équipe. C'est partout pareil, on va pas te dire "OK, tu peux aller à côté".

    O : Non, on me permettra pas d'aller à côté. Je comprends, mais là, je pense qu'on me demande de faire quelque chose que je ne devrais pas faire...

    R : On sait très bien qu'il ne faut pas faire ça. Mais si on ne le fait pas, impossible de bosser tout au long de l'année. Je viens de te l'expliquer. Si tu ne veux pas le faire, tu n'as pas à te forcer.

    O : Justement. Je pense qu'on devrait nous prévenir de ce fonctionnement dès le début, c'est-à-dire à notre embauche, et vérifier qu'on est tous d'accord. J'aurais voulu travailler avec des normes clairement fixées.

    R : M'enfin, justement, dans ce cas t'aurais dû aller voir d'abord ailleurs. Pourquoi venir chez nous, en plus à Daiichi, alors qu'il y a plein d'autres centrales ? Tu ne peux pas te ramener comme ça, dire que tu ne veux pas travailler à tel ou tel endroit, c'est embêtant pour tout le monde. Tout le monde en bouffe [des radiations], et si l'on atteint les doses, on ne pourra pas continuer, et justement, il y en a plein qui ne peuvent pas bosser ailleurs. Tant mieux si on peut faire autre chose. Moi-même, j'ai parlé au président de l'entreprise, je lui ai dit qu'il fallait s'y prendre autrement avec les nouveaux. Faut d'abord s'exercer ailleurs pour comprendre ce que sont les radiations. On n'impose rien à personne, on truque les chiffres de son plein gré. Tous ceux qui bossent là-dedans fonctionnent comme ça.

    O : Je comprends bien que vous vivez de ça, que votre vie dépend de votre boulot. Mais ça pose un problème de confiance, quand tout ça va éclater au grand jour, ça va vraiment poser problème. C'est pour ça que je veux pas être mêlé à ça.

    R : Moi ça fait quarante ans que je bosse dans ce secteur. Pour protéger mes chiffres, ce sont des pratiques que j'ai dû employer jusqu'ici, pour tout dire. Mais je ne veux pas que d'autres me disent que je me trompe. [...] Tu n'as qu'à aller bosser ailleurs. Faut pas venir comme ça, par curiosité ou je ne sais quoi.


     
     
    TRUQUAGE Un seul responsable ?

    “J’ai voulu atténuer la peur des nouveaux ouvriers, souvent effrayés par le bruit des signaux d’alerte du dosimètre.” C’est ce qu’a confié aux médias japonais, après les révélations du journal Asahi, le haut responsable de Build-Up qui a demandé à ses ouvriers de recouvrir leurs dosimètres d’une plaque de plomb. S’il a admis les faits, il nie avoir eu régulièrement recours à cette pratique. Selon ses propos, il est le seul à avoir eu l’idée de trafiquer les dosimètres, et                                

    l’équipe ne se serait munie de plaques de plomb qu’une seule fois, durant trente à quarante minutes seulement. Cependant, ses déclarations ne correspondent pas aux propos tenus par des ouvriers dans les enregistrements. Build-Up est une société de construction sous-traitante de l’entreprise Tokyo Energy & Systems. Cette dernière appartient au groupe Tokyo Electric Power, la compagnie d’électricité gestionnaire de Fukushima Daiichi.



    http://www.courrierinternational.com/article/2012/07/24/les-ouvriers-de-fukushima-invites-a-truquer-leurs-dosimetres

     
     

      

      

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